Naturopathe herboriste phytothérapeute

Écouter battre la forêt

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Vous le savez maintenant, ma zone de confort, dans l’herboristerie, c’est le rapport subtil aux plantes. Si vous débarquez et que c’est la première fois que vous me lisez, je vous invite à faire un petit détour sur mon site, mes autres articles pour mieux comprendre cette approche sensible et, oserais-je le terme, alchimique des plantes.

Je vais donc vous parler un peu plus des plantes comme je les vois, comme je les aime, comme je les utilise et de ce qu’elles me racontent.

Et pour commencer à vous parler de nos plantes enseignantes, nos plantes
maitresses à nous,  européennes, j’ai choisi l’herbe au charpentier.

La légendaire « achillea millefolium ».

Sourcil de Vénus, amoureuse d'Apollon

C’est bien connu, l’achillée est l’une des célèbres « plantes de la femme ».
Elle prend soin et chouchoute le féminin dans le corps et l’esprit. Ses nombreuses vertus offrent une réponse à bien des maux que nous autres, hommes, ne connaitrons jamais.

Lutéotrope, antispasmodique, tonique, active sur le foie et hémostatique. Autant de réponses aux troubles hormonaux du cycle menstruel lorsque ce dernier devient inconfortable, voire douloureux, lorsqu’il est déréglé, absent ou que le sang abonde de trop. Elle est même utilisée traditionnellement par les sages-femmes, les parturientes et les guérisseuses après l’accouchement pour faire face aux hémorragies de la délivrance ou pour la préparation des bains de matrice (avec sa grande comparse, l’alchémille).

Sa réputation de plante des femmes n’est donc plus à faire et son usage est séculaire. Mais ce qui m’intéresse, c’est son esprit, son énergie. Elle semble répondre aux besoins de ces dames et pourtant, en l’écoutant bien, en la regardant bien, ce n’est pas la plus yin des guérisseuses.

Amoureuse du soleil, puisqu’héliotrope, elle colonise les plaines et particulièrement les sols relativement neutres voire basiques, mais peut se satisfaire de sols légèrement acides. Tout comme elle répare le corps et la matrice, elle répare les sols malmenés et se trouve en colonie lorsque le terrain qui l’accueille a été endommagé (labours, surpâturage, apport en excès de carbone.) Elle aide notamment, grâce à ses rhizomes à retenir les nutriments dans le sol.

C’est finalement une guerrière plus qu’une prêtresse et, à l’inverse des consœurs douces et caressantes, elle se plait sur le champ de bataille, comme l’indique son lien au sang.

L'herbe au soldat

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Le yin du guerrier ou le yang de la prêtresse ?

Mon avis est que ce n’est pas une plante qui enseigne la féminité. Ce n’est pas l’une de ces magnifiques plantes de Vénus qui ouvrent à la douceur et à la créativité avec cette énergie fluide de l’eau.

Non, c’est une plante de feu qui pourtant à une affinité avec le Yin. À mon sens, elle est à mi-chemin et module son action selon le terrain :

une plante qui certes panse les plaies du guerrier, mais ne l’invite pas à déposer les armes. Elle fige les sangs chauds que la colère aveugle et pour autant ne les refroidit pas, laissant l’opportunité de canaliser la rage et de la transformer en courage. C’est l’herbe du soldat discipliné et méthodique.

Elle n’est pour autant pas sous l’égide de Mars, elle est plutôt fille d’Athéna, guerrière stratège qui économise ses forces pour frapper juste et qui sait battre en retraite pour mieux revenir à l’assaut. Elle offre à la prêtresse d’Artémis les capacités de se faire chasseresse et de protéger son territoire. Elle est l’instinct de la mère louve qui doit défendre ses petits. Elle offre au yin, la juste agressivité. (Je ne préfère donc pas la destiner aux guerrières en recherche de féminin lorsque je la conseille).

Son enseignement et son énergie nous soutiennent lorsqu’il faut fournir des efforts constants, lorsque la vie nous a asséné des coups durs, lorsqu’il faut organiser ses efforts et préserver son énergie, lorsqu’il faut faire preuve de stratégie, lorsque le repos est de mise, mais que le combat n’est pas fini, lorsqu’il faut panser les plaies de l’âme en urgence et fournir protection et courage, à l’instar d’une « star of Bethléem ».

Comment recevoir son aide

Si,bien entendu, il faut adapter à chaque situation, chaque personne et chaque terrain le conseil, il est cependant possible de faire appel à l’achillée de manière simple, de manière épisodique et en prenant soin de ne pas entraîner d’interactions avec d’éventuels médicaments.

Mon choix se porte donc dans ce genre de cas vers de faibles dosages d’alcoolature, faciles à mettre en œuvre et qui n’entraînent pas d’interaction au vu de la faible concentration en principe actif.

Cinq gouttes dans un verre d’eau, au besoin, pour sentir à ses côtés la plante et goûter à son travail intérieur.

Un bonus, en plus: elle a une odeur  et un gout délicieusement enivrants.

Et vous ? Comment voyez-vous l’achillée ? Comment vous en servez-vous ?

Image de Simon THEL

Simon THEL

Praticien en herboristerie - éducateur nature

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